Le test PCR Phages Borrélia pour la maladie de Lyme est disponible

Le Dr Teulières et son équipe, sous l’égide de l’association Phelix et de l’Université de Leicester, ont annoncé la mise à disposition le 1er juillet 2019 du tant attendu test diagnostic pour la maladie de Lyme : la PCR basée sur les bactériophages (ou phages) de la borrélia. Alors que les tests couramment pratiqués sont reconnus comme non fiables, par une méta-analyse, l’arrivée de ce test marque potentiellement un tournant dans le diagnostic de la maladie de Lyme.

Le principe de ce test est simple et part du constat que dans un milieu où vivent les borrélias, bactéries de forme hélicoïdale responsables de la maladie de Lyme, il existe aussi des bactériophages qui sont des virus prédateurs spécifiques à cette bactérie (chaque espèce de bactérie a son propre bactériophage). Ainsi, si dans un milieu nous trouvons des bactériophages de borrélia, il existe forcément la bactérie borrélia car ces bactériophages ont besoin des borrélias pour vivre. Les phages sont capables de pénétrer les biofilms, peuvent décimer les bactéries cibles, les rendre vulnérables aux antibiotiques ou intégrer leur ADN dans celui de la bactérie cible. Ils vont partout où se trouvent les bactéries et accèdent facilement aux foyers bactériens. Alors qu’il est difficile de trouver des borrélias dans une prise de sang total, car elles sont en très petites quantités, il est plus facile de trouver des phages car ils sont plus nombreux (il y a entre 10 et 100 phages par bactérie). Ce test recherche donc l’ADN des phages spécifiques aux borrélias, et un résultat positif fait état d’une infection active. À l’heure actuelle, ce test s’effectue sur prise de sang total.

Un test 5 fois plus sensible que l’ELISA ou le Western BlotCe test a été testé sur plus de 400 échantillons sanguins, et a été validé sur 100 personnes dans le cadre d’une étude clinique. Il ressort de ces études de calibration que ce test possède une sensibilité cinq fois supérieure aux sérologies classiques (ELISA, Western Blot). De même, il est 30% plus sensible que la PCR classique qui recherche l’ADN de la bactérie. Il est particulièrement intéressant en phase précoce de la maladie quand l’organisme n’a pas encore eu le temps de créer d’anticorps, et quand les lymphocytes n’ont pas encore acquis de mémoire pour se transformer en présence de l’agent pathogène. De même, il est tout à fait utile en phase tardive de la maladie, où il conserve une sensibilité supérieure aux autres tests. Une présentation technique du test, rédigée par les chercheurs de Phelix, est mise à disposition par Red Labs (en Anglais) aux patients ainsi qu’un diaporama.

Toute personne peut désormais se procurer un kit en France, en Europe ou aux USA, pour effectuer ce test certes pas encore homologué par les autorités, mais qui permet de savoir si on est bien infecté ou pas par la borrélia. Il coûte 235 euros, non remboursés, ainsi que 25 euros de frais de port. Une partie de ce montant sert à rémunérer le laboratoire, les bénéfices restants étant réinvestis en intégralité pour la recherche de phages spécifiques de Borrelia dans les urines et la salive, pour la recherche de tests similaires pour d’autres infections (Bartonella en priorité, Rickettsia, et Mycoplasma), ainsi que pour la mise au point d’un traitement par phages contre le Lyme. L’idée est de mettre au point des enzymes utilisées par les phages pour percer la paroi des borrélias et y injecter leur acide nucléique, les faire ensuite éclater et se disperser. Si ce traitement voit le jour, il sera une alternative ou une aide aux antibiotiques pour ces infections.

Les bénéfices réinvestis dans la rechercheL’association Phelix a donc recherché un laboratoire d’analyses médicales au niveau européen qui soit en mesure d’effectuer ces analyses et qui dispose de capacités logistiques pour gérer les envois et réceptions de kits de prélèvements, la facturation et l’envoi des résultats. Ce test est prévu pour que les extractions d’ADN viral soient faites de manière manuelle, avec une analyse individuelle ce qui est impossible de réussir dans les laboratoires de routine à haut débit. C’est pour ces raisons scientifiques que le laboratoire Red Labs de la banlieue de Bruxelles a été retenu, laboratoire de renom en mesure d’effectuer en routine les extractions d’ADN viral, et qui entretient des liens avec les universités européennes et américaines. Les kits sont commandés par mail, la facturation se fait par carte bancaire ou transfert, et les résultats sont reçus dans un délai d’un mois après la réception des échantillons.

Pour commander le kit, écrivez à info@redlabs.be en demandant le test phages borrélia, et en donnant votre nom, votre adresse postale (sans oublier le pays) et votre numéro de téléphone. Red Labs vous envoie alors un formulaire à remplir et à imprimer. Le kit arrive rapidement par UPS. Il contient 2 tubes EDTA pour la prise de sang, une fiole pour un prélèvement salivaire (optionnel, à des fins de recherche), ainsi qu’un flacon pour prélèvement urinaire du matin (aussi optionnel, à des fins de recherche). Il contient aussi un mode d’emploi, un sachet hermétique et une enveloppe de retour prépayée à remettre dans un point relais UPS ou dans une agence UPS. N’oubliez pas d’y joindre le formulaire que vous aurez rempli auparavant. Indiquez également si vous êtes sous traitement par antibiotiques actuel ou récent et si vous le pouvez, la date ou l’année de votre dernière piqûre/morsure par une tique ou un insecte. L’envoi doit se faire en première partie de semaine, et ne doit pas se faire en veille de jour férié, afin que les échantillons ne restent pas en attente dans un centre de tri postal.

Comment interpréter le résultat d’analyse ? L’équipe de Red Labs nous informe que les résultats peuvent être :
– « Négatif »,
– « Positif » (avec ou sans la mention d’espèces éventuellement identifiées), ou bien
– « Petits fragments » (ce qui veut dire que le séquençage réalisé sur les échantillons positifs n’a pas pu révéler le fragment complet mais seulement des parties. Ceci peut se passer en cas d’apoptose accrue, de traitement en cours, ou en cas de présence de souche qui n’est pas entièrement détectée par la méthode, telle que certaines souches de la famille des fièvres récurrentes)

Concernant la marge de référence (« Reference range« ), Tanja Mijatovic de Red Labs nous précise qu’elle est toujours négative. Aucun résultat d’analyse ne mentionnera de marge de référence positive. Ne pas confondre les deux colonnes :
– la première colonne du résultat où la valeur peut être positive, négative ou « petits fragments »,
– la deuxième colonne concernant la marge de référence qui est toujours négative.

RedLabs ajoute que :

« La référence comprend ce qui est « normal » pour un sujet sain. Un sujet sain ne devrait pas avoir d’ADN de borrélias dans son sang. Attention, c’est différent de la sérologie où on peut avoir un titre IgG sans être malade (ce qui voudrait dire immunisé). Donc, dans les analyses impliquant les techniques de PCR on ne s’attend pas à avoir de l’ADN pathogène, donc la valeur de référence est « négatif ».

En utilisant la technique d’amplification, on peut soit ne pas trouver la cible (et le résultat est donc négatif) soit la trouver (le résultat n’est alors pas négatif, il est positif car l’ADN du pathogène a été détecté). On peut également amplifier des petites parties d’ADN du pathogène, ce qui indique que le résultat n’est pas négatif et cette présence en plus petite quantité indiquerait soit une faible charge du pathogène ou une infection qui est en train d’être combattue. Une autre possibilité existe et pourrait concerner l’amplification partielle d’une souche qui n’est pas couverte par le test ».

Voici l’extrait de la brochure de Red Labs :

« Il est important d’analyser le résultat du test dans le contexte clinique de la personne testée. Le résultat du test de Phage PCR est rapporté comme positif ou négatif. Dans certains cas, elle peut également être signalée comme « borderline », ce qui signifie que seuls de petits fragments d’ADN ont été trouvés (à la suite d’une augmentation de l’apoptose, de la résolution d’une infection, etc). Un résultat positif signifie qu’au moment du test, le patient avait les Borrelia présent dans son corps. Un résultat positif en l’absence de symptômes suggère que, malgré la présence de bactéries, le système immunitaire semble contrôler la situation. Dans le cas d’un test positif après un diagnostic sérologique récent ou antérieur, il est important de discuter de la possibilité d’un syndrome post-lyme tardif ou d’une forme chronique de borréliose. Un résultat négatif signifie qu’au moment du test et dans un échantillon donné, la présence de Borrelia n’a pas été mise en évidence. Il est important de se rappeler qu’à un stade avancé, le nombre de bactéries est très faible et le plus souvent elles sont cachées dans les tissus; par conséquent, le nombre de phages en circulation sera également faible. Il est conseillé de refaire le test au moment où l’on constate l’aggravation des symptômes. Rappelez-vous que les tiques transportent et transmettent de nombreux autres agents pathogènes (Bartonella, Rickettsia, Anaplasma, etc.) qui présentent tous des symptômes très similaires. Ainsi, un test Borrelia négatif avec des symptômes persistants pourrait suggérer la présence d’autres pathogènes. Enfin, il est également important de se rappeler qu’à des stades avancés, les symptômes reflètent des dysrégulations immunitaires et gastro-intestinales profondes dues à une ou plusieurs maladies à transmission vectorielle non traitées auparavant. L’inflammation chronique et les infections de bas grade sont les complications résultant de maladies à transmission vectorielle découvertes et doivent donc être traitées en plus de la recherche de la présence d’un pathogène spécifique ».

Pour de plus amples explications sur l’interprétation de ce test, vous pouvez contacter l’équipe du laboratoire Red Labs, à l’attention de Mme Tanja Mijatovic.

Nous serons attentifs aux retours des patients qui feront ce test, et nous espérons enfin pouvoir compter sur un test fiable pour la borréliose de Lyme. La prochaine étape pour les malades reste bien évidemment les avancées dans la recherche sur le traitement à base de phages avec notamment la formulation d’enzymes spécifiques pour aider les phages à détruire les bactéries. Nous suivons ce dossier de près et ne manquerons pas de vous tenir informés.

Pour plus d’informations sur les phages, voici deux vidéos du Dr Teulières: