Errances diagnostiques et intolérances alimentaires

« J’ai arrêté le Gluten et je me sens mieux »

On entend de plus en plus de gens dire cela, pendant que d’autres vous dirons que c’est seulement une mode. Que doit-on en penser ?

gluten

Je vous rappelle au besoin que le Gluten est une protéine présente dans de nombreuses céréales comme le blé, l’orge, le seigle, l’épeautre, l’avoine, omniprésente dans notre alimentation moderne car utilisée également comme adjuvant des produits alimentaires industriels à la fois du fait de ses propriétés viscoélastiques contribuant au moelleux des aliments, et pour son faible coût.

Les chercheurs ont identifié un gène qui prédispose à l’intolérance au Gluten. Ce gène est présent chez une personne sur trois, c’est une proportion énorme de la population.

Toutefois, être porteur de ce gène ne signifie pas être intolérant. Chez ces personnes prédisposées, l’intolérance n’est pas systématique mais peut survenir à tout moment de la vie, jeune ou vieux, de manière progressive ou fulgurante, l’aggravation brutale étant souvent associée à un épisode infectieux ou a un gros stress. Cela parait logique puisqu’il s’agit d’une réaction du système immunitaire vis-à-vis de la molécule de gluten, qui intervient de préférence lorsque celui-ci est malmené par une infection ou un stress important. C’est le cas d’une infection à la bactérie de Lyme ou au virus du covid par exemple.

Or que se passe-t-il lorsque le corps devient intolérant au gluten comme à d’autres aliments d’ailleurs?

La maladie cœliaque est la forme la plus extrême de l’intolérance. Elle est associée le plus souvent à des symptômes qui sont caractéristiques d’une pathologie digestive comme les diarrhées extrêmes, une constipation sévère voire une occlusion, des vomissements, et dans ce cas les médecins généralistes en font le diagnostic assez rapidement. Mais cette forme, la plus sévère, n’est pas la plus fréquente.

La plupart du temps, les symptômes sont progressifs et peu caractéristiques d’une pathologie intestinale et surtout très variés selon les personnes, il peut s’agir d’une grosse fatigue qui tend à l’épuisement, de troubles de l’humeur et de la concentration, de douleurs musculaires et articulaires, de maux de tête, d’acouphènes, de troubles de la vision, d’infections, etc… La liste concerne tout le corps humain car lorsqu’il y a intolérance alimentaire, le système immunitaire attaque ce qu’il identifie comme un intru, ce qui entretient une inflammation au niveau de la muqueuse intestinale, qui entraine une mauvaise absorption, voire des carences à terme, préjudiciables à peu près à tous nos organes.

De plus, comme le ou les responsables de cette intolérance continuent à être ingérés régulièrement, le système immunitaire en permanence sollicité s’épuise et surviennent alors les infections latentes contre lesquelles il n’a plus suffisamment de ressources pour lutter correctement (Lyme and co…, EBV, etc…). Le système immunitaire peut aussi se mettre à « surchauffer » et s’attaquer à d’autres organes, comme c’est le cas des maladies auto-immunes.

De même, le système digestif étant le siège de la fabrication de nombreux neurotransmetteurs qui pilotent notre humeur, il est logique d’être livré à l’anxiété, à une moindre résistance au stress, etc…

Eh oui tout est lié, et c’est un véritable cercle vicieux, d’autant que les médecins généralistes ont rarement le réflexe d’y penser, et nous orientent plutôt vers des spécialistes en fonction de nos divers symptômes (psy, rhumatologues, centres de douleurs, infectiologues, ORL, etc…et nous voici en pleine errance diagnostique, à nous enfoncer de plus en plus chaque jour, à perdre nos emplois, nos ressources, nos familles, etc…

A terme, la paroi intestinale fragilisée, probablement devenue hyper perméable, devient le siège d’autres intolérances alimentaires et la liste ne fait que s’allonger d’années en années. Le malade s’enfonce encore. La prise d’antibiotiques associée à la recrudescence d’infections, va de surcroit venir appauvrir le microbiote qui protège la paroi intestinale, favoriser les dysbioses, les mycoses qui fragilisent encore un peu plus tout le tractus digestif, etc… Le malade s’enfonce encore et encore.

Aucun médicament ne permet à l’heure actuelle de guérir ces intolérances.

Pour s’en sortir, il existe pourtant une solution, un régime hypo inflammatoire excluant les aliments incriminés par les intolérances. Il s’agit le plus souvent du gluten, du lait de vache, du blanc d’œuf, mais peut aussi concerner dans une moindre mesure certains végétaux, certains fruits à coque ou même la viande rouge chez certaines personnes. Comme la liste peut être longue, il existe une analyse de sang onéreuse non remboursée qui permet de les identifier précisément. Sans cette analyse, il est toujours possible d’exclure gluten et produits laitiers qui sont les plus souvent incriminés.

Intolérant ou pas, tout malade peut s’appuyer sur l’alimentation santé qui vise notamment à améliorer l’efficience du système digestif, levier primordial de l’état de santé général.

Notre association propose à tous ses adhérents une aide personnelle et gratuite que vous pouvez solliciter via le questionnaire figurant sur le site internet sous la rubrique « Conseils alimentation ».

Ghislaine Hervé