Vous venez de faire la connaissance du SPPT, voici le « Non-Lyme » !

SPPT, voici le « Non-Lyme »
Conférence de l’AFIS sur la maladie de Lyme à la mairie du 5ème arrondissement de Paris avec le Pr Éric Caumes et M. Jean-Paul Krivine

Il y a un mois je suis alerté par certains de nos membres sur les réseaux sociaux suite à l’organisation d’une nouvelle conférence sur la maladie de Lyme. Dans un premier temps je me demande pourquoi tant d’agitation.

Mais très vite je me rappelle que nous avons constaté depuis quelques mois, une multiplication de conférences “dogmatiques” organisées par une poignée d’infectiologues en France.

A la lecture du manifeste, je comprends très vite qu’il n’y a jamais de fumée sans feu et je fais donc le rapprochement.

Je découvre la tête d’affiche, avec le Professeur Eric Caumes, Chef du Service des Maladies Infectieuses et Tropicales à la Pitié Salpêtrière, et Monsieur Jean-Paul Krivine, rédacteur en chef du journal de l’Association Française pour l’Information Scientifique (AFIS). Tout deux sont des détracteurs de la forme Chronique de la maladie de Lyme et ont un discours qui va à l’encontre d’une littérature scientifique internationale pourtant abondante.

Ce qui me surprendra le plus c’est l’organisateur de l’événement, la mairie du 5ème arrondissement de Paris.

Des représentants de l’état soutiendraient-ils ce genre de pratique ? Ou ne sont ils tous simplement pas au courant ?

Immédiatement, notre association par un courrier en recommandé, informe Madame le Maire et la Responsable chargée de l’événement de la position de ces deux personnages, et demande l’annulation de celle-ci.

Parallèlement, nous sommes informés que l’association Chronilyme envoie aussi un courrier pour en demander l’annulation.

La réponse à notre courrier arrivera d’ailleurs chez eux et ils auront la gentillesse de nous la transmettre. Pas très sérieux pour une Mairie de Paris… mais l’erreur est humaine !

Nous sommes informés que cette conférence sera maintenue mais que notre Président aura le droit à un temps de parole pour exprimer son point de vue. Super, il nous reste 1 semaine pour préparer notre intervention.

Pendant plusieurs jours, des membres de notre équipe préparent des trames, argumentées par de nombreuses publications scientifiques. Mais quelques heures avant la conférence, les nouvelles tombent…

Après une nuit courte, un réveil toujours aussi compliqué pour moi, mes soins du matin et la prise de mes traitements, je quitte mon domicile vers 5h45.

Je consulte ma messagerie et je constate que j’ai été alerté pendant la nuit par certains journalistes qui ont été contactés par mail.

L’AFIS les informe que la Mairie a pris la décision d’interdire les appareils photos, et les caméras pendant la conférence, seule l’AFIS pourra filmer et diffuser la conférence. Je suis surpris qu’une Mairie qui organise un évènement ouvert au public restreigne autant les choses mais c’est leur choix et je le respecterai.

Quelques heures avant l’évènement, je m’entretiens avec notre avocat qui prépare depuis déjà quelques semaines, une plainte pénale d’une ampleur sans précédent. Il m’informe que notre action sera présentable dans quelques jours et me déconseille donc de prendre la parole avec l’argumentaire que nous avions réalisé.

Il me demande simplement d’annoncer que malgré un discours soigneusement préparé, nous avons fait le choix avec notre avocat de ne pas le lire et que, face aux événements et à la gravité des faits, les tribunaux seront bien plus adaptés à un débat réellement constructif.

Avec tous ce que nous avions réalisé depuis des jours et des jours, c’est dur d’entendre celà. Mais c’est pour le bien de nos adhérents, de notre combat, de notre cause à tous. J’accepte donc sa proposition.

Me voilà enfin arrivé devant la Mairie du 5ème arrondissement, quelle architecture ! Juste en face du Panthéon, que de symboles et de valeurs. On peut être fier, c’est beau la France !

Nous nous sommes donnés rendez-vous dans une brasserie avec quelques adhérents juste avant la conférence.

Je découvre certains de nos adhérents et une partie de mon équipe pour la première fois physiquement, et oui nous sommes la génération Internet ! Quel bonheur de mettre un visage sur des échanges mp et des commentaires de publications. On échange quelques mots, nos parcours, nos traitements, et puis l’heure arrive. Au moment de quitter cette brasserie, nous découvrons la présence de têtes connues dans le “milieu du Lyme”, Alain Trautmann, qui a rédigé une tribune remarquable dans « Sciences et Avenir », il y a quelques mois, et Hugues Gascan, Maître de recherche, qui a travaillé notamment sur un brevet avec le Docteur Bransten que nous avons soutenu dernièrement.

J’en profite pour remercier toutes les personnes qui étaient présentes, c’est grâce à vous tous que les choses changent.

A présent, j’entre dans le bâtiment et je suis immédiatement fouillé, ouverture des sacs, etc… C’est devenu courant à présent avec le terrorisme. Dans un décor digne des plus beaux palaces parisiens, je monte les marches une à une, et juste avant d’entrer dans la salle de conférence, je me présente au stand de l’association AFIS pour mon enregistrement.

Je suis immédiatement surpris par les mesures de sécurité qui ont été mises en place ici, je constate et constaterai pendant toute la conférence la présence de la Police derrière une porte dérobée, prête à bondir ! Auraient-ils peur d’un débordement ? Possible…

Je m’annonce enfin. « Ah c’est vous le Président ! »

« Euh, oui c’est moi Matthias Lacoste, Le Président de l’association Le droit de guérir ».

« Ok très bien, vous pouvez y aller »

« Merci ! »

Je suis attiré par la lumière d’une belle et très grande fenêtre qui se trouve proche d’une enceinte et d’un des 3 caméramen, je m’installe donc. Je serai rejoint par Marina, une bénévole très active de notre association qui, dépitée par les propos qui seront tenus pendant cette conférence ne pourra pas rester jusqu’à la fin.

J’assiste à l’arrivée du Professeur Bricaire, toujours aussi propre sur lui et digne du premier de la classe. Il passe de personne en personne, il en connaît du monde ! Je comprends assez rapidement que les 3/4 de la salle sont des partisans de l’AFIS et des soutiens du Professeur Caumes.

Le représentant de l’association de l’AFIS ouvre enfin la conférence en rappellant l’interdiction de filmer, de prendre des photos et en présentant ses deux compères.

Une voix s’élève dans l’assemblée et demande à ce qu’on respecte bien la montre pour avoir le temps de poser des questions.

« 45 minutes Professeur Caumes, 30 minutes Jean-Paul Krivine et le reste pour les questions. »

Le Professeur Eric Caumes s’empare du micro et nous montre une belle photo de la Pitié-Salpêtrière sous la neige, c’est là qu’il travaille, que cela semble paisible de travailler dans ce paradis !

Il nous explique qu’il n’a « pas de conflit d’intérêt lié à la maladie de Lyme », qu’il ne « fait pas partie d’association », et qu’il « ne touche pas d’argent de ce point de vue-là ».

Puis il interroge le public, « Est-ce que vous aimez les cartes de vœux ? Qui aime les cartes de vœux ? ».

Il s’étonne, « On ne reçoit plus de carte de vœux c’est dommage ! Internet a remplacé les cartes de vœux… Moi, à ma grande surprise, j’ai reçu une carte de vœux, et c’est celle-là ! »

Il lit alors le contenu d’une carte de vœux qu’il a reçue et qui est affichée sur le slide : « Je vous souhaite une année de merde et une Borréliose de Lyme » , des rires se font entendre dans la salle, il rétorque « Moi ça m’a fait rigoler comme vous d’ailleurs ! Ouufff une Borréliose de Lyme, finalement, ce ne serait pas un gros problème pour moi d’ailleurs et je vais vous expliquer pourquoi ! Une année de merde, bon, un peu plus problématique mais j’aurais pu me débrouiller éventuellement… », et il termine la présentation de cette diapositive en qualifiant l’ambiance actuelle comme « nauséabonde ».

Nous verrons aussi défiler les cartes postales de notre action « Nos souffrances ont un visage », laissant penser que c’est notre association qui serait à l’origine de la première carte postale et que nous nous amusons à insulter des médecins et des journalistes…

Pour rappel, une plainte a été déposée par le Directeur Général de la Santé, j’ai donc été entendu par la gendarmerie qui n’ayant aucun élément à charge contre moi, m’a entendu en tant que témoin !

Aucun commentaire ne sera associé à notre carte postale.

Ensuite viendra un mail d’insulte d’un patient, une photo d’une action réalisée aux Etats-Unis avec un camion-pub sur lequel il est noté « Les recommandations de L’IDSA sur la maladie de Lyme détruisent des vies ».

Puis il explique que la raison de sa présence ici ce soir est liée, comme 95% des infectiologues, à son inquiétude des traitements « Abracadabrantesques » !

Il présentera de nombreux slides avec les ordonnances de nos « docs Lyme », on reconnaitra celle du Docteur Bransten et du Professeur Perronne.

Il s’amuse et se vante d’avoir comptabilisé des records de médicaments sur les ordonnances.

« 21, mais ce n’est pas mon record ! Mon record c’est 23 médicaments, 23 médicaments en même temps ! »

Ensuite, il explique qu’on n’a jamais vu en maladie infectieuse des ordonnances avec des notions de plusieurs mois d’antibiotiques, que l’intérêt d’un traitement prolongé existe pour certaines maladies, mais que le patient est guéri dès les premières semaines de traitement, et que donc l’intérêt est juste d’éviter les rechutes. Il parle ensuite d’un vrai problème de santé publique, la résistance aux antibiotiques en extrapolant le cas d’une jeune femme de 25 ans victime d’une infection à la vessie et qu’on ne pourra plus soigner demain…

Il explique et démontre qu’il n’y a pas de différence entre des traitements par antibiothérapie qu’il appelle « prolongés » (3 semaines) et l’effet placebo.

« Les placebos améliorent les malades, il faut que vous le sachiez, dans 30% des cas ! »

Puis il met en avant une étude sur 3 groupes de personnes (Doxycycline, Clarithromycine, et placebo) pendant 5 mois, concluant qu’il n’y a pas de différences entre les groupes après les traitements.

On passe maintenant à l’explication autour de la maladie de Lyme « Ou, quoi, comment en est-on arrivé là ? ».

Photo d’une tique à l’écran, le Professeur Caumes se dit angoissé par la vision de celle-ci « surtout lorsqu’on sait ce qu’elle est capable de vous transmettre ». Il balaie d’un revers l’ensemble des modes de contamination en affirmant que seule une tique transmet la maladie de Lyme !

Puis il nous fait un rapide topo de la tique, les espèces, les lieux où elles se trouvent, l’altitude, l’hydrométrie, les saisons en rassurant l’assemblée « C’est quand vous allez aux champignons que souvent vous êtes piqués ! »

Ensuite il nous montre des cartes d’incidence, le Monde, la France… en parlant d’une stabilité jusqu’en 2017 avec des chiffres qui sont malheureusement non actualisés puisqu’il met en avant 26.000 nouveaux cas par an dans notre pays et que nous sommes déjà officiellement à 55.000 cas, avec des tests de dépistage reconnus non fiables par la Haute Autorité de Santé depuis 2014…

Il dit que les recommandations en France se basent sur les recommandations américaines, ce qui une nouvelle fois est faux, puisque par exemple les Etats-Unis ont mis en place un principe de précaution pour les transfusions sanguines ce qui n’a pas été fait en France.

Il parle des différents stades de la maladie en parlant d’un stade tardif mais pas de l’existence d’un stade chronique. Puis il en vient au diagnostic, qu’il dit « en fait, pas si difficile que ça !». Il utilise des termes assez techniques, IGG, IGM, bandes de western blot, avec un débit de parole rapide, en passant de l’érythème migrant aux différentes atteintes…

A ce moment-là, un des cameramen à quelques mètres devant moi fait un malaise et tombe ! Il interrompt son discours 2 secondes et reprend de plus belle…

Voyant le cameraman à présent assis se tenant la tête avec les deux mains, je décide d’aller le voir. Heureusement, un collègue à lui viendra prendre le relais en renfort et lui apporter un verre d’eau !

Je dois dire que j’ai été assez surpris de la réaction de ce médecin face au malaise d’une personne à seulement quelques mètres de lui !

Malgré le peu de fiabilité des tests actuels, il reprend en expliquant que les tests de dépistage chez les personnes au stade tardif sont en général toujours positifs !

A présent, il explique qu’il y a des familles d’antibiotiques qui sont efficaces, et qu’on utilise soit l’un, soit l’autre, en fonction des atteintes.

La partie à suivre est l’une des plus mémorable de cette intervention, où l’on découvre la « grandeur » d’une partie de la médecine Française !

Regardant le public, il pose la question  » Alors le problème, et c’est pour ça qu’on est là, si ce n’est pas la maladie de Lyme mais qu’est-ce que c’est ? « 

Premièrement il nous explique qu’il faut éliminer les autres maladies… Jusque là ce n’est pas illogique, mais pour le reste je vous laisse juger car il nous parle du « syndrome de non-lyme » comme il le définit.

Il parle de sa grande expérience dans la maladie de Lyme en affirmant voir 100 patients par an (c’est environ l’équivalent de ce que doit voir un Doc Lyme sur 20 jours), et nous confie s’occuper de cette maladie depuis 10 ans et avoir donc vu 1000 patients !

Il nous explique qu’en général, sur 10 patients, il y a 2 vrais malades de Lyme, et que 80% souffrent d’une autre cause, d’après lui il s’agit d’un problème de société qui est actuellement négligé par la médecine et que les gens sont mal pris en charge.

Il parle de post-traumatismes qui se traduisent en douleurs, de syndromes de stress post-traumatiques, il prend en référence un viol sur un patient qu’il a reçu le matin même, puis la liste continue, le harcèlement moral, le syndrome d’épuisement professionnel, le harcèlement sexuel, une scoliose, l’usure de la vie, les traumatismes de vie…

Il enchaine avec les critères de caractéristique du Lyme chronique qu’il nous dit appeler le « Non-Lyme » : pas ou peu de Lyme dans la région visitée, pas d’exposition avérée à des piqûres de tiques, clinique non évocatrice, évolution non caractéristique, diagnostic différentiel possible, sérologie négative (sauf en phase précoce), traitement adapté inefficace, et termine en disant qu’il fait des traitements d’épreuve pour bien orienter les malades !

Quand on a étudié un minimum le sujet, il est difficile d’entendre ce genre de choses mais je reste quand même à l’écoute du Professeur Caumes.

Il parle rapidement de l’érythème migrant et de la façon de retirer une tique, en disant que la pince à épiler est moins efficace que le tire-tique !

Pour information, le problème n’est pas l’efficacité de la pince à épiler mais le risque important d’appuyer sur l’abdomen de la tique et donc de la faire régurgiter en vous…

Arrive la conclusion, où Le Professeur nous dit que c’est une conséquence de cause qui est trop souvent évoquée, et qu’il parle lui de « principale cause d’infection fantasmée » !

Il affirme que le diagnostic est relativement facile. Que les traitements sont efficaces en phase précoce, mais qu’ils ne le sont pas lorsqu’ils sont utilisés de manière prolongée car cela n’a jamais été démontré par des études rigoureuses.

Très surprenant, il nous avoue même qu’il a fait des études de médecine pour être psychiatre, et que quelque part il est rattrapé par l’histoire !

Il termine enfin en disant qu’il y a incontestablement une souffrance morale, une souffrance physique, et que cette souffrance est mal prise en charge par notre médecine puisque les malades sont mal interrogés et mal examinés.

Que ceux-ci sont à la recherche d’une compensation parce qu’ils souffrent, parce qu’on ne répond pas à leurs attentes, et que pour lui « cette histoire c’est l’expression d’un mal de société ! ».

Sous un tonnerre d’applaudissements, il passe le micro à Jean-Paul Krivine.

Jean-Paul Krivine commence son intervention en nous expliquant qu’il n’est pas médecin, mais qu’il va revenir sur l’analyse de la controverse et tenter de nous l’expliquer.

Une diapositive arrive avec une saturation d’image laissant penser une surmédiatisation. On peut y voir la couverture du journal de l’OBS « Maladie de Lyme, l’épidémie qu’on vous cache », j’aperçois aussi le soutien du petit Jules, Monsieur Julien Lepers.

Les malades de Lyme ont déjà du mal à avoir des soutiens tellement le sujet est compliqué. Mais avec de tel propos, cela risque d’être encore plus compliqué pour nous dans les mois à venir.

D’après lui, les médias laisseraient à penser qu’il y a une maladie qui est ignorée en France, qu’il existerait des protocoles qui sont mieux dans d’autres pays, mais que ceux-ci seraient très couteux et que donc des « souscriptions » seraient organisées.

Pour lui le point de départ de tout cela est la souffrance des personnes, et la priorité est d’avoir un diagnostic et des traitements qui correspondent à l’état des connaissances actuelles.

Avec le diaporama suivant, il prépare habillement le terrain, il interpelle le public en se mettant à la place de celui-ci et en expliquant qu’on ne peut pas lire toute la littérature scientifique, et qu’on n’est pas nous même spécialiste, et qu’il faut donc se demander qui est-ce qu’on doit croire, les journalistes, les politiques, les médecins, les entreprises ou les associations…

Un belle Pyramide s’affiche à l’écran. En bas et en dehors de celle-ci, il parle des témoignages. Il explique qu’ « en science les témoignages c’est zéro ! »

Le premier niveau est dédié aux études scientifiques qui sont là pour « objectiver une chose à laquelle on pense », qu’on publie dans une revue et qui est « évalué par les pères ». Il explique que « ce niveau d’étude est très très faible, pourquoi ? Parce que dans une étude on peut se tromper ! Que c’est le cheminement normal de la science », il conclut par « C’est le premier niveau mais ce n’est pas suffisant ».

Il enchaine donc avec le second niveau de la pyramide, qu’il explique lié « aux essais, aux réplications, à des essais plus rigoureux, qui arrivent à un meilleur niveau de preuve ». Concluant en parlant de « quelque chose de plus solide ».

Puis vient le troisième et dernier niveau, « ce qu’on appelle les méta analyses ». Il s’agit « des gens qui vont regarder l’ensemble des études, sur un sujet donné, et qui vont regarder si elles convergent ». Il conclut en disant que « C’est le meilleur niveau qu’on puisse avoir », et que toute cette pyramide est « la boussole dans la maladie de Lyme » pour « voir quel crédit on peut accorder à ce que racontent les uns et les autres » soulignant ainsi l’importance pour les agences sanitaires de bien prendre en compte celui-ci.

Il est regrettable que Monsieur Krivine n’apporte pas de crédit aux méta-analyses qui vont à l’encontre de son opinion, comme celle qui conclut que les tests ELISA ne sont pas fiables, intitulée « Commercial test kits for detection of Lyme borreliosis: a meta-analysis of test accuracy », des Pr. Cook et Puri. Cette approche est intéressante sur différents points mais on regrettera qu’il n’aille pas assez loin dans son cheminement. Par exemple, il aurait été important et intéressant de nous expliquer le modèle économique de cette pyramide !

Ensuite il en vient à l’organisation de la controverse internationale et parle du rôle de l’ILADS.

Il nous explique que cette association met en avant trois éléments qui sont tout à fait cohérents entre eux :

– « Il existe une forme de la maladie de Lyme chronique […] qui n’est pas reconnue par la médecine officielle et qui devrait l’être ».

– « Elle met en avant les tests alternatifs qui détecteraient mieux que les tests officiels qui ne détectent rien du tout ».

– « Et elle met en avant les traitements alternatifs, en particulier les antibiothérapies longues ».

A présent, il nous expose les 3 éléments qu’il dit avoir « passés au crible ».

Il aurait cherché la définition d’une maladie de Lyme chronique, mais ce ne serait pas clair. Il reprend la définition du Professeur Christian Perronne en le citant et en expliquant qu’il est un des rares partisans à soutenir ces thèses en France « Ce sont des symptômes polymorphes non spécifiques, en majorité subjectifs », il enfonce le clou en expliquant que visiblement la seule solution serait de prolonger les antibiotiques.

Ensuite il parle des agences sanitaires et prend l’exemple du CDC qui pour lui est la référence sur ce sujet-là.

Pour l’utilisation d’une antibiothérapie, il cite « maladie de Lyme chronique, il n’y a pas de faits qui vont dans le sens d’une infection en cours, ou d’une infection classée avec la maladie de Lyme chronique, les experts du domaine ne soutiennent pas son utilisation. »

Malheureusement, Monsieur Krivine a oublié ou n’a peut-être pas vu que ces recommandations avaient été retirées du site internet du CDC depuis plusieurs mois déjà. Cette argumentation n’est donc pas valable !

Il reprend les recommandations de l’agence anglaise en expliquant que « La terminologie autour de la maladie de Lyme est variable, et de nombreux termes mal définis sont utilisés dans la littérature : maladie de Lyme aigüe, maladie de Lyme sévère, maladie de Lyme chronique. Qu’ils ne retiennent pas dans leurs documents parce que c’est quelque chose de flou ! ».

Pour moi, les nouvelles recommandations anglaises arrivant le 11 avril 2018, il semble un peu prématuré de les prendre comme exemple…

Il s’appuie ensuite sur la position très contestée d’une partie de l’académie de médecine Française « L’attribution de symptômes mal définis, subjectifs à cette maladie de Lyme chronique ne repose sur aucun élément de preuve ».

Il résume en disant que pour « l’ensemble des agences au niveau mondial, ce terme là n’est pas accepté, parce qu’il est flou, parce qu’il ne correspond pas à grand-chose ! ».

Une nouvelle diapositive arrive et on reconnait immédiatement le questionnaire du Docteur Richard Horowitz, qui a été selon lui « popularisé par l’ILADS ».

Ce questionnaire est un indicateur qui permet de savoir si vous êtes atteint de la maladie de Lyme.

Monsieur Krivine invite l’assemblée à remplir le questionnaire avec « des symptômes tout à fait généraux » sans cocher ce qui est spécifique de la maladie de Lyme et questionne le public « Et qu’est ce qui arrive à la fin ? »

Il répond, « Soit vous avez une forte probabilité d’avoir une maladie de Lyme et faut aller voir votre médecin, soit, il est possible que vous ayez une maladie de Lyme ! ».

Il conclut en parlant de « questionnaires anxiogènes » qui finalement poussent les gens à aller voir leur médecin. D’après lui, l’ILADS a émis des recommandations à destination des patients qui leurs conseillent d’aller chez le médecin et de dire « j’ai une maladie de Lyme », si le médecin refuse une antibiothérapie alors cette organisation demande de changer de médecin !

Pour Monsieur Krivine tout est fait pour ramener les patients vers le diagnostic d’une maladie de Lyme chronique alors même que la définition n’est pas claire.

Il revient à présent sur le second élément que l’ILADS met en avant, les tests de dépistage. Pour lui, toujours d’après les recommandations du CDC, les « tests alternatifs » sont en fait très souvent des faux positifs.

Il donne deux exemples avec des cliniques qui appartiennent à des membres de L’ILADS dont une en Allemagne, la clinique du BCA, où 4 journalistes Danois, non malades de Lyme, donneront leur sang pour des tests de dépistage qui reviendront tous positifs.

Pour moi, il est difficile de savoir dans quelles conditions tout cela a été fait, et de mesurer la pertinence des propos de Monsieur Krivine qui s’appuie maintenant sur des témoignages de journalistes pour son exposé. Aurait-il oublié que les témoignages valent zéro ?

Il parle maintenant de la biologiste Vivianne Schaller, il dit « Une pharmacienne a été condamnée il y a quelques temps à Strasbourg pour avoir abaissé systématiquement le seuil de positivité d’un test de dépistage, ça permettait de le rentre positif ». Puis il parle des tests vétérinaires (PCR), « ces tests qui n’ont jamais été validés chez l’homme ». Il finira par le test de la goutte épaisse, qui est d’après lui, recommandé par certaines associations en France, et qui aurait été invalidé par toutes les études.

On en arrive naturellement au troisième et dernier élément recommandé par l’association ILADS, les « traitements alternatifs dont les antibiothérapies longues » qu’il dit dangereuses, parfois mortelles et qui sont aujourd’hui « soutenues par les principaux mouvements associatifs » !

Il revient sur la question qu’il estime centrale. « Y a-t-il une guerre d’expertise comme on cherche à nous le faire croire ? »

Pour lui toutes les agences sanitaires sont unanimes, la réponse est donc non !

Il explique ensuite que les associations en France disent que les recommandations de l’ILADS sont officiellement reconnues aux Etats-Unis uniquement parce qu’elles ont été publiées sur le site internet du ministère de la santé Américain. Mais qu’en fait, n’importe qui peut soumettre ces recommandations, donc cela n’a pas de valeur !

Malheureusement, il est immédiatement interpellé par le chercheur, Hugues Gascan, qui lance « C’est pas vrai ça ! ».

Monsieur Krivine lui demande alors d’attendre la fin pour intervenir et reprend de plus belle en évoquant les propositions de loi qui ont été déposées dans « 5/6 états ».

S’appuyant sur quelques exemples qui amuseront la salle, il dit qu’un législateur a le droit de choisir le remboursement de tel ou tel traitement mais que jamais une loi ne dira la vérité scientifique.

Ensuite, il décrit ce qu’est l’ILADS pour lui. Il dit qu’elle est dans 22 pays, qu’elle se présente comme une association de présentation d’information, mais qu’en fait il s’agit d’une association qui mène une campagne internationale sur l’ensemble des points qu’il a évoqués précédemment.

Aussi, il dit qu’elle développe le terme de « Lyme Docteur », décrivant ceci comme des développeurs sur le terrain des recommandations de L’ILADS.

Et que son travail est finalement de disséminer des « Lyme Docteurs » dans tous les pays !

Il enchaine avec les liens d’intérêt qu’ont les dirigeants de l’ILADS. Il nous explique qu’ils possèdent presque tous des cliniques privées, à des prix exorbitants ou qu’ils y proposent les traitements alternatifs et les antibiothérapies au long cours.

Il leur colle une belle étiquette, en disant qu’ils affirment que la vaccination est responsable de l’épidémie d’autisme, du cancer de l’enfant et de l’adulte, et que le remède pour ses personnes-là c’est la détoxification aux métaux lourds !

Il poursuit son argumentaire avec les condamnations de ses dirigeants, qui sont d’après lui souvent poursuivis pour non suivi de patients, défaut de diagnostic… Il enfonce le clou, avec la condamnation d’un ancien Président de l’ILADS qui a été condamné pour avoir fraudé une étude sur les homosexuels et le SIDA pour, selon lui, essayer de montrer que les seules personnes atteintes par le SIDA auraient été des homosexuels. Il serait aussi, d’après lui, à l’origine d’une rumeur sur une pandémie de SIDA dont l’origine serait un vaccin antipolio contaminé et administré à des habitants d’Afrique Equatoriale en 1957 et 1959.

Il conclut en rattachant localement la controverse internationale à la Fédération Française des Maladies Vectorielles à Tiques qui dans l’article 2 de ses statuts a noté :

–  » Cette Fédération a pour but de diffuser en France les directives et protocoles de soins longs, dont les lignes directrices de l’ILADS (International Lyme and Associated Diseases Society) « .

Il conclut son intervention en disant que « Les recommandations médicales, elles ne peuvent pas être le fruit d’une négociation entre des associations, des politiques ou je ne sais pas trop quoi » et que celles-ci « ne peuvent pas relever de l’émotion, du témoignage, d’un rapport de force ou de ce genre de choses, mais ça relève d’une construction scientifique » !

Un nouveau tonnerre d’applaudissement fait alors trembler mon siège, il est venu le moment de m’exprimer. Enfin !

Le réprésentant reprend la parole est indique que c’est le moment des questions, des bras se lèvent ! Il donne alors le micro à une personne du public.

Je constate alors que mon temps de parole ne semble pas être une priorité ou que j’ai peut-être été tout simplement oublié.

Les questions et les remarques pertinentes de plusieurs défenseurs de notre cause, et la levée de mon bras à plusieurs reprises mais sans résultat, mèneront rapidement à la sentence du représentant de l’AFIS « ce sera la dernière question.

Julien, un adhérent, à qui j’avais annoncé cette réunion quelques heures avant, s’empare du micro.

Il explique son parcours, sa rencontre avec le Professeur Eric Caumes qui ne l’a pas soigné et le bénéfice que lui apportera une antibiothérapie prolongée prescrite par un Doc Lyme, qui le sortira du silence et du fauteuil roulant dans lequel il était depuis plusieurs mois.

Son intervention devenant gênante, le son se mit brusquement à saturer… je retiendrai ses dernières paroles : « Soit vous êtes totalement ignorant ? auquel cas vous êtes excusable cher Professeur, soit vous êtes conscient de ce qu’il se passe en France et vous entretenez le déni de la maladie de Lyme et ses co-infections ? »

La conférence se termine, je vais donc à la rencontre du Professeur Caumes. Nous nous tendons la main et je me présente en lui expliquant ce que m’avait consigné l’avocat. Nous serons interrompus dans nos échanges par une dame et un photographe, mais patientant je finirai par lui souhaiter une bonne chance pour la suite. Il prendra cette remarque comme une menace, ce que je lui infirmerai immédiatement.

J’irai saluer Monsieur Krivine en l’informant que je n’avais pas pu m’exprimer malgré le fait que j’avais levé le bras à plusieurs reprises pour prendre la parole.

Immédiatement et en me tournant le dos juste après son allocution, il me demanda de le poursuivre en justice puisque la réunion avait eu lieu…

Je n’ai aucune idée de la façon dont je dois finir cet article tellement je suis surpris par tant de dogmatisme. Mais je me lance quand même !

Parce que la médecine s’est construite sur une science économique, nous faisons face à l’une des plus graves crises sanitaires de notre histoire. L’humanité est en danger mais l’Homme est incapable de se remettre en question. Il me semble donc voir apparaitre la fin d’un système capitaliste où les gens se déchirent pour le paraître.

Je viens d’assister à une bataille d’enfants, dans une cour de récréation. J’attends maintenant avec impatience l’arrivée du maître de classe, qui aura je l’espère le bon jugement, pour que la punition soit à la hauteur des faits.

A bientôt Messieurs et bon courage pour la suite…

Matthias, le 30/03/2018 pour Le Droit de guérir