Aspects diagnostics et thérapeutiques de la borréliose par le Dr Bransten

A la lumière de ces éléments, voici quelques pistes diagnostiques et thérapeutiques du lyme chronique :

.Du fait de l’échappement des borrélias par leur mobilité et leur tropisme intracellulaire, de leur mutation d’antigènes de surface, les données fournies par les tests sérologiques ne présentent aucune fiabilité. En effet, l’expression d’anticorps à doser est inconstante puisqu’il ne s’agit que de l’expression des lymphocytes B qui ne peut se faire qu’au contact des borrélias circulantes ou présentes dans les liquides physiologiques (liquides cephalo-rachidien, sérosités articulaires). Or la vocation des borrélias n’est pas de demeurer dans ces liquides mais de rejoindre les espaces intracellulaires des tissus cibles. Si par hasard une sérologie s’avérait positive, la certitude de contamination est acquise mais cela ne signifie en rien que l’on soit malade.

.Les conséquences immunologiques les plus notables :

. Immuno-dépression (Baisse fréquente des cellules de l’immunité naturelle Natural killers Nkcd3-cd57+) entrainant une baisse de sécrétion de l’interferron  et donc des réactivations virales (constatées souvent par des taux de sécrétions d’anticorps de l’immunité acquise IGG virales à plus de 6 fois les taux résiduels habituels) qui doivent être systématiquement recherchés.

.Manifestations immunologiques d’activité auto-immune (lupus, poly-arthrite, spondylarthrite, sclérose en plaque, syndrome de goujerot et d’autres) doivent être explorées, puisque le bras armé du Lyme chronique s’exprime par la médiation d’une lignée lymphocytaire cellulaire particulière le Lymphocyte Th17, qui est commun à toutes ces maladies.

.L’état clinique du patient présentant un Lyme chronique, dont il faut réaffirmer que ce n’est pas une pathologie infectieuse classique, puisqu’il n’est constaté ni fièvre, ni abcès mais plutôt des réactions inflammatoires chroniques d’épanchements (occasionnels) aseptiques  ou des infiltrats tissulaires (érythème migrants) liés aux conflits immunologiques engendrés par cette présence bactérienne intra-cellulaire.

.L’analyse des symptômes dont souffrent les patients, en rapport avec ces états d’inflammations chroniques :

  • Manifestations vasculaires (syndrome de Raynaud, céphalées, migraines, œdèmes des membres inférieurs, syndrome de fatigue chronique par hypoxie modérée du cerveau) ;
  • Manifestations neurotoxiques (fourmis et sensations d’insectes rampants sous la peau, piqures fugaces, paresthésies voir polynévrites, sciatiques chroniques, névralgies de la face, névralgies cervico-brachiales, sensations ébrieuses, acouphènes, palpitations et troubles du rythme;
  • Manifestations inflammatoires en rapport avec des processus d’auto-immunité;
  • Manifestations polymorphes d’atteintes tissulaires, myocardites, péricardites, maladies des valves cardiaques, maladies ophtalmologiques et photophobies,
  • Manifestations endocriniennes de pathologies thyroïdiennes ou hypophysaires.        

Le très grand polymorphisme de ces signes d’appels, leur persistance, leur récurrence et leur aspect multi systémique, devant motiver des explorations radiologiques et biologiques, amenant à distinguer les aspects lésionnels de ceux qui sont fonctionnels.

Au total, il apparait qu’il s’agit beaucoup plus, actuellement de diagnostics de présomption plutôt que de diagnostics pouvant être affirmés simplement par les tests en vigueur qui du fait de leur inadéquation peuvent induire par des sérologies parfaitement négatives, les praticiens en erreurs. Au même titre qu’il n’existe à ce jour aucun test sérologique de tuberculose ou de lèpre, puisqu’il s’agit essentiellement d’agents infectieux persistants, intra-cellulaires et souvent les tests en vigueur (tests dermatologiques ou sanguins) ne sont pas considérés comme fiables. En l’état actuel des outils proposés ils ne sauraient être déterminants à eux seuls dans la démarche diagnostique. Nous sommes donc dans l’attente de tests immunologiques beaucoup plus fins et déterminants qui dans le futur, à condition que les moyens matériels d’une telle recherche soient mis à la disposition des chercheurs, seront beaucoup plus fiables.

Pistes thérapeutiques :

Il est notable que toutes les études thérapeutique des formes persistantes de Lyme, tant dans les laboratoires (américains, puisqu’aucune unité française ne sait cultiver les borrélias ou ne disposent de projet d’études thérapeutiques qui aient reçues des financements) qu’In vivo, montrent que les mono antibiothérapies, même de durées longues, ne sauraient éradiquer les Borrélioses intra-cellulaires. Les recommandations actuelles qui préconisent donc ces thérapeutiques, sont parfaitement obsolètes puisqu’uniquement efficaces sur les formes circulantes (efficaces à 80% d’ailleurs).

Les plus grandes études actuelles, ayant reçues des financements conséquents et réalisées dans de grands laboratoires hospitalo-universitaires américains, publiées dans les revues les plus prestigieuses et non contestées ou contestables, montrent que seules des associations antibiotiques ou l’usage d’extraits de plantes titrées (Stévia Nutramédix (Professeur Eva Sapi novembre 2015), Huile essentielle d’Origan (publication Pr Zhang , Feng et Miklossy mai 2018) sur des durées prolongées, aboutissaient à des résultats thérapeutiques satisfaisants.

En outre, ces associations antibiotiques et leur durée prolongée d’utilisation qui nécessitent une surveillance hépatique et rénale, s’expliquent par la nature intra-cellulaire des borrélias lors des Lyme Chroniques et par le fait que ces bactéries sont peu réplicatives (la division cellulaire est occasionnelle et fort lente : de 3h à 3 semaines).

Il est donc nécessaire de prolonger ces antibiothérapies, puisque ceux- ci n’agissent que lors de la division cellulaire. Il est également nécessaire de sélectionner des antibiotiques dont la diffusion tissulaire est satisfaisante, l’affinité importante pour les borrélias et la pénétration intra-cellulaire efficace, tout en agissant sur les bactéries susceptibles de circuler. Ces antibiothérapies doivent également assurer une bonne pénétration tant dans le cerveau que dans les articulations. Aucune mono-thérapie antibiotique, à ce jour, ne saurait assurer l’ensemble de ces fonctions.

Du fait de l’immunodépression et des atteintes profondes des fonctions métaboliques cellulaires, une prise en charge complémentaire est indispensable afin de permettre une restauration de l’immunité, une lutte contre les co-infections bactériennes, virales, parasitaires ou fongiques (candida albicans). Le traitement des fonctions cellulaires, en particulier mitochondriales et de l’équilibre ionique intra-cellulaire est indispensable. La prise en compte des problèmes inflammatoires chroniques spécifiques de ces pathologies est indispensable également : restauration des gaines de myéline en particulier.

Certains problèmes spécifiques à la thérapeutique par poly-antibiothérapies de durée prolongée se posent au même titre que celles préconisées dans les tuberculoses (un patient atteint de tuberculose pulmonaire ou osseuse ne saurait décemment bénéficier d’une mono-antibiothérapie brève d’une durée maximale de 28 jours, d’ailleurs, ce qui semble être préconisé dans le cadre du Lyme chronique. Un médecin qui se contenterait de ce genre de prescription serait considéré comme un criminel).  Tout d’abord celui de la tolérance. Il va de soit que ces antibiothérapies doivent être suivies régulièrement sur le plan biologique et de la tolérance clinique avec un arrêt immédiat d’un des antibiotique prescrit en cas d’intolérance allergique, de gastralgies ou de diarrhée. Cette surveillance ne pose aucun problème avec les moyens de communication modernes (internet, téléphone).                                      

L’efficacité thérapeutique doit être évaluée de façon mensuelle par les tests biologiques et l’état clinique des patients. Il faut savoir que les associations antibiotiques génèrent beaucoup moins de résistances aux antibiotiques que les monothérapies, d’où l’utilisation de combinaisons antibiotiques synergiques dans certaines pathologies. 

C’est cet effet thérapeutique optimal, offrant peu de risque de résistance, qui est recherché d’ailleurs dans les prises en charges de la tuberculose.

L’absence d’antibiogramme disponible et de savoir faire quant à la mise en culture de borrélias dans des prélèvements tissulaires ou sanguins, en France, a conduit certains praticiens à préconiser des antibiothérapies de durées brèves, dans un esprit de prévention des complications éventuelles des antibiothérapies mais sans tenir compte des données expérimentales de premier plan de nos confrères Américains, qui ont démontré l’inefficacité de telles thérapeutiques.

Les aspects immunologiques particuliers du Lyme chronique, nous font penser que dans le futur, des associations d’anticorps mono-clonaux spécifiques des réactions induites par la présence de ces bactéries dans le corps humain, associés à des poly-antibiothérapies ou à de nouveaux antibiotiques plus performants sur Lyme, verront le jour, si les moyens et la volonté de recherche sont octroyés.

Les efforts de la recherche doivent donc porter sur de meilleurs identifiants et tests de dépistage, des prises en charges impliquant antibiothérapies et anticorps monoclonaux.                                         

Bien que certains pensent pouvoir induire par de prochains vaccins, une défense immunologique plus performante chez les patients vaccinés, je persiste à douter du bien-fondé de cette démarche, du fait de la très grande adaptabilité de ces borrélias qui même chez des patients présentant des marqueurs immunologiques à des taux élevés persistent à engendrer, du fait de leur présence intra-cellulaire et non circulante, des formes agressives de la maladie de Lyme chronique et des maladies qui en sont la conséquence.

   Dr Marc Michaël Bransten  (28/09/2018)

 

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